Par Ralph Elawani
Photos : Gil Nault

De la Nuit de Walpurgis à la « super lune de sang »

Le 30 avril 1966, durant la Nuit de Walpurgis, naissait à San Francisco l’Église de Satan. Organisation sous la férule d’Anton Lavey, celle-ci attirerait des personnalités hollywoodiennes comme Jayne Mansfield et Sammy Davis Jr. Au fil des ans, on verrait Lavey en couverture et dans les pages de magazines tels Time, Look et Newsweek.

À l’inverse de Liberace, Isaac Hayes, ou plus près de chez nous, Frank Cotroni, Anton Lavey ne publia jamais de livre de cuisine. Néanmoins, il y a fort à parier que si, aujourd’hui, le « black pope » avait vent des potions de la jeune entreprise montréalaise Sombre & Amer, spécialisée dans la création de bitters (amers), les produits de cette dernière pourraient devenir matière première à l’écriture d’un livre de cocktails signé Lavey.

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Saecularis, Foo Manchu et Febris

Fondé par Gabriel D’Amours, Sombre & Amer a officiellement vu le jour dans la nuit du 27 au 28 septembre 2015, à l’occasion de l’apparition d’une rare super lune de sang. D’Amours explique : « On a vu l’opportunité se profiler à l’horizon et on s’est dit que, considérant notre image, le lancement des premiers produits ne pouvait pas mieux tomber. »

En effet, préalablement au lancement officiel de la première ligne qui comprend trois bitters : Saecularis (amer aromatique épicé), Foo Manchu (amer asiatique) et Febris (amer au café), une bande-annonce signée Gil Nault (artiste également responsable de l’image de marque) avait circulé sur les réseaux sociaux. Il n’en fallait pas plus pour que les internautes croient que Sombre & Amer serait le premier album d’un groupe de métal.

« À valeur égale, le client va toujours privilégier l’esthétique. Depuis le début, je tiens à éviter de jouer la carte du mixologue. À l’origine, les bitters sont vraiment des trucs d’apothicaires. C’est un registre iconographique que j’aime bien. C’est drôle, la première chose que m’a dit mon distributeur a été : ‘‘Wow! Des bitters black metal’’ , souligne le fondateur de l’entreprise.

SombreAmerFooManchu

Fonds de bouteilles et fonds de commerce

Autrefois employé de bar, D’Amours se souvient de la pauvreté de l’offre qui l’entourait, en matière de cocktails : « Dans les bars où je travaillais, on servait pas mal juste des gin-tonics. Ceci dit, peu importe le bar, ça peut être la pire des brasseries en ville, il va toujours y avoir une bouteille d’Angostura. C’est comme si ça venait avec le fonds de commerce, en prévision de celui qui va te demander un Old fashioned, à un moment donné. Donc, je connaissais le produit, mais c’est vraiment grâce à un barman de New York, lors d’un voyage là-bas, il y a environ cinq ans, que j’ai appris que ça pouvait se concocter « maison ». J’ai délibérément décidé d’aller plus loin et de fabriquer le tout à la main, exclusivement à partir d’ingrédients naturels. Je me suis dit que j’allais m’assurer qu’avec mes produits, on sache vraiment ce que l’on boit. »

Sombre et Amer Blason


Le pari de la culture cocktail

Bien que les grands centres urbains s’endimanchent de plus en plus des bracelets de chemise de la mixologie, le constat est frappant : le Québec commence à peine à s’imbiber de cette culture, plus ancrée chez les Anglo-saxons. « Ailleurs, à New York par exemple, le marché est saturé. Je suis bien conscient que Sombre & Amer est un produit ‘‘niche’’ qui arrive durant une certaine période de hype, mais ici, on n’en fait pas beaucoup. Le pari qu’on fait, c’est que la roue de la culture cocktail continue de tourner. Il y a cent ans, il n’y avait pas un cocktail qui se respecte qui ne comportait pas de bitters. »

Présentement distribué par Jesemi Distribution, Sombre & Amer pourra bientôt voir ses agréments à breuvages distribués dans le reste du Canada. Une percée qui risque d’avoir des répercussions sur la réputation de l’entreprise dont l’un des avantages sur ses compétiteurs américains est justement la distribution au Québec, où les restrictions linguistiques découragent plusieurs petits joueurs de tenter de se tracer un chemin: « Un bitter artisanal se détaille généralement autour de 20$ à 25$. C’est deux fois le prix d’une bouteille d’Angostura. Puisqu’il est évident que l’on ne peut pas entrer en compétition avec la masse énorme de cette entreprise, il faut jouer sur la qualité, l’image, et les drinks « signature ».

Au-delà d’une solide réputation auprès des restaurateurs et tenanciers de bars, ce que D’Amours avoue espérer est que les Québécois s’approprient la culture du cocktail : « J’aimerais que ça devienne un peu un réflexe, une habitude, de se faire des cocktails à la maison.

Sombre et Amer Labels

Pour trouver Ralph Elawani:

Twitter: @ralphelawani

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