par Delphine Jung
photographie d'entête © Nic McPhee, Flickr



La tendance est au crudivorisme. Ses adeptes ne se nourrissent que d’aliments à l’état brut, sans cuisson supérieure à 42°C. Dans leur frigo, des kilos de bananes, de choux kale, de mangues et de carottes. Et dans leurs assiettes, des lasagnes de concombre et crème de poivron, des tartes aux pommes ou encore un tartare de betterave et crème d’avocat. Impossible? Et pourtant...

Je me suis intéressée aux crudivores et à leur régime alimentaire atypique en approchant quelques connaissances qui ont décidé de changer leur manière de consommer les aliments. Car pour moi, devoir se passer de pâtes, c’est inconcevable!

Lorsque Lucie dit qu’elle ne mange que « du cru », beaucoup se demandent ce qu’elle peut bien mettre dans son assiette. Avant, elle était végétarienne. Il y a deux ans, elle est passée à la vitesse supérieure. Désormais, ses repas se composent quasi uniquement de fruits et de légumes à l’état brut, c'est-à-dire qui n’ont pas été cuits. Les graines et les noix sont aussi très utilisées dans l’alimentation crue, aussi appelée « vivante ». Aujourd’hui, elle propose même des cours de « crusine », mais, généralement, la transition ne se fait pas du jour au lendemain. Cela demande une réorganisation : « On jette ses casseroles, ses plaques de cuisson et son four. On investit plutôt dans un robot de cuisine, un mélangeur et, éventuellement, dans un déshydrateur », conseille-t-elle.

Le début est toujours un peu chaotique et il est recommandé de passer à un régime entièrement crudivore petit à petit. Découvrir la joie de fabriquer son houmous, d’inventer des smoothies, de faire germer ses propres graines... Selon ses adeptes, la « crusine » serait même ludique et se pratiquerait en famille. Une quantité de matières rappellent d’ailleurs la pâte à modeler.

Il faut ensuite trouver de l’inspiration. David Côté, fondateur et président du restaurant Crudessence à Montréal conseille : « Allez à l’épicerie, prenez ce que vous aimez, ce qui attire votre œil, puis regardez ce que vous pouvez faire avec des feuilles de riz ou du pâté de noix ». Lucie ajoute : « Il faut faire confiance à son instinct ». Désormais, de nombreux blogs et livres de cuisine existent sur le sujet. Les aliments de base utilisés sont les dattes et les noix de cajou qui peuvent servir de points de départ pour les gâteaux crus. Les bananes font partie des fruits les plus caloriques et vont remplir les estomacs des plus insatiables... et les plus pressés. D’ailleurs, à entendre les témoignages des adeptes du cru, il est bien plus rapide de « crusiner » que de cuisiner : « Il n’y a pas de four à préchauffer, moins de vaisselle... Une fois qu’on a le coup de main, ça va tout seul », estime David. Linda, une jeune crudivore assure : « Je mets 10 minutes à préparer mon lunch le matin ». Un avis que ne partage pas entièrement Lucie : « On n’achète rien tout fait, donc ça prend plus de temps, sauf si on se contente de fruits le matin et le midi, comme le font la plupart des crudivores ».

crudessence
L'offre de restaurant offrant du cru reste encore très limitée. © Crudessence

Côté portefeuille, les avis semblent se rejoindre. David assure que les produits transformés reviennent bien plus chers que n’importe quel autre aliment nécessaire à la composition d’une recette crue. Linda appuie : « Je vais au marché et j’achète pour environ 40$ de fruits et légumes pour la semaine. Ce qui me coûte cher, c’est mon addiction pour le chocolat cru! » Bien que les crudivores optent généralement pour les aliments bio, comme ils n’achètent, pour la plupart, ni viande ni fromage, ils estiment être gagnants. Il est en effet assez rare de rencontrer des crudivores qui consomment de la viande ou du poisson cru, la majorité d’entre eux suivant un régime cru-végétalien. « C’est aussi un investissement pour le futur : on fait des économies de frais médicaux puisque le but de cette alimentation est de prévenir les maladies », affirme Lucie.

Ce régime alimentaire offre également la possibilité de découvrir de nouvelles saveurs, car à force de manger des carottes crues râpées tous les jours, on risque de s’en lasser. « C’est là qu’il faut inventer des sauces, tester de nouvelles saveurs, de nouveaux mélanges », explique David. Malgré tout, les crudivores n’ont pas encore réussi à me convaincre. Je m’en vais me faire une bonne soupe d’automne. Bien chaude.

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Le blog La France crue propose d'aller à la rencontre des crudivores de France. © La France crue


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Delphine Jung
Journaliste indépendante, Delphine a quitté la France pour les grands espaces canadiens. Passionnée par les sujets de société, les voyages, les gens, et la bouffe végétarienne. Un jour, elle ouvrira une maison d'hôte qui servira des plats végétariens.





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