par Patrick Thibeault

Illustrations : Célia Marquis

Vous vous demandez ce qui se retrouve entre les pages de Bouffe? Eh bien voici notre version analogue d'un voyage culinaire : l'Atlas gourmet!

ÉTATS-UNIS - Lu'au

Selon notre source hawaïenne pure laine, les lu'au de complexes hôteliers hawaïens sont souvent un burlesque de stéréotypes. Ceci étant dit, il y a tout de même un noyau de vérité dans ces lu'au, soit d’une perspective historique ou en relation aux lu'au organisés par et pour les Hawaïens. Dans un grand lu'au de famille, souvent pour le premier anniversaire d’un enfant, il n’y aura pas nécessairement de danses du couteau de feu ou de danse hula spontanée. Mais ça se pourrait. Matante Malia pourrait se décider d’enfiler sa jupe de foin et vous faire un show. Ça se pourrait. Chose certaine c’est qu’il y aura une abondance de boisson, de bouffe et de chemises aloha. Le porc en- tier style kalua, c’est-à-dire cuit de façon traditionnelle dans un four souterrain appelé imu, est toujours populaire. Bref, si vous désirez savoir si vous êtes dans un vrai lu'au ou dans une trappe à touristes, vous n’avez qu’à voir la quantité de poi qui est servie. Les locaux dévorent cette purée du bulbe de la plante taro. Par contre, dans les complexes hôteliers, le poi ne constitue qu’une partie du décor.

ESPAGNE - Tapas

Imaginez une collection d’établissements magiques où plus tu bois de bière et de vin, plus t’as de bouffe. Imaginez que cette bouffe est 100 % gratuite. De plus, elle n’est pas comme les fritures étouffantes des bars nord-américains. Ici, ils servent des tapas. Comme les arachides salées dans un bol communautaire rempli d’une flore impres- sionnante de bactéries que nous trouvons dans certains bars cachés au bout d’une ruelle hantée, l’objectif de fournir des tapas est d’encourager à boire et boire et boire encore. Les arachides sont remplacées par des assiettes dans lesquelles il y a des pintxos ou des mélanges locaux d’olives, de chorizo, de fromages, de tomates, de pains, de tortillas, de fruits de mer, d’aubergines grillées, de côtelettes d’agneau, de jamón ibérico, etc. Un goût de l’arc-en-ciel de la gastronomie espagnole est à votre disposition dans les bars de Madrid à Granada, de Barcelone au Pays basque.

SUÈDE - Kräftskiva

À la fin août, dans les soirées chaudes d’un été scandinave, les Suédois se réunissent en plein air pour dévorer des montagnes d’écrevisses, ces petits crustacés d’eau douce qui ressemblent à des bébés homards et qu’on aperçoit au clair de lune. Ils sont cuits dans l’eau salée, assaisonnés avec plein d’aneth frais et ensuite mangés froids. L’ironie de ces festins, c’est que la majorité des écrevisses est aujourd’hui importée de la Chine ou des États-Unis, car les populations locales d’écrevisses ont été surpêchées et sont menacées par l’invasion d’espèces non indigènes comme l’écrevisse américaine. Heureusement que la bière, les schnaps, l’aquavit et le fromage Västerbotten sont tous locaux. Parfois nous devons boire pour oublier les enjeux écologiques.

TURQUIE - Mezze

Comme les tapas espagnoles, le mot mezze englobe plusieurs petits plats, mais cette fois l’alcool n’est pas le prétexte. Au lieu, les mezze fonctionnent comme hors d’œuvres avant le plat principal. Dans l’esprit des régimes méditerranéens, tous les plats sont faits à partir d’aliments frais qui rappellent le soleil et l’Empire ottoman. Il y a les plats célèbres comme le houmous, le taboulé, le tzatziki, le baba ganousch, les pains pitas et les feuilles de vigne farcies. Ensuite il y a la simplicité même : des salades assaisonnées de sumac, des olives, des pignons de pin rôtis, du labneh et du halloumi frit. C’est l’abondance sans danger de crise cardiaque.

CORÉE - Chuseok

Que faites-vous le quinzième jour du huitième mois du calendrier lunaire, genre septembre-octobre? Ça vous dit de faire un pèlerinage à votre ville ancestrale pour rendre hommage à vos ancêtres, vous doter d’un beau hanbok coloré et manger des montagnes de kimchi ? Et bien vous avez de la chance, car lors de chuseok, l’Action de grâce coréenne, vous pourrez participer aux cérémonies traditionnelles élaborées et ensuite passer à la bouffe. D’abord et avant tout, il y a les songpyeon, un petit gâteau cuit à la vapeur au-dessus d’aiguilles de pin et fait à partir d’une pâte de riz fraîchement récolté et farci avec soit des haricots rouges, des châtaignes, des jujubes (le fruit, pas le bonbon), etc. Avertissement de superstition : ils disent que plus tes songpyeon sont beaux, plus tes enfants seront beaux. En plus des songpyeon il y a tous les délices coréens habituels : jeon, des crêpes savoureuses far- cies de toutes sortes de délices ; japchae, des nouilles de patates douces sautées avec des légumes ; bulgogi, du bœuf mariné et grillé ; du poulet à la vapeur ; des fruits comme du kaki, des melons, des poires et des pommes. Finalement, il est nécessaire d’avoir du toran guk, une soupe de taro avec un bouillon de bœuf afin d’aider ce gavage.



Mise en page de l'article Atlas gourmet dans le magazine Bouffe : Smörgasbord.

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